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APSEM

21 décembre 2014

9 Déc. 2014 - Les Mardis de la mer-La Mer, une menace pour nos côtes: montée des eaux et érosion marine

La Mer, une menace pour nos côtes: montée des eaux et érosion marine

Intervention du 9 Décembre 2014 lors des Mardis de la Mer 

Intervenants :

-       Yvonne BATTIAU QUENEY de EUCC France

Agregé de Géograhie, Docteur d’Etat Esles, Professeur à l’unité de formation et de recherche à l’université de Lille, puis directrice de l’université de Recherche et de Géographie.

-       Christine CLUS AUBY de EUCC France

EUCC, est une ONG internationale qui a pour but de renforcer les liens et le dialogue entre les populations, les élus locaux et les différents gouvernements. Cette ONG fait donc remonter les besoins et les inquiétudes des populations locales victimes des dangers de la mer. Elle a également une vocation à diffuser des connaissance et des résultats de recherche et une réelle volonté de sensibilisation à la protection des littoraux et de l’environnement.

Depuis quelques années, les vagues de submersion sont de plus en plus importantes en France, ce qui donne lieu à de nombreuses inondations (comme nous avons pu le constater il

y a quelques semaines encore).

Le danger de la montée des eaux est un sujet qui mobilise les médias, le public et surtout les populations locales qui sont les principales victimes de ce phénomène.

Si la mer si est une menace pour certains, elle a toujours intéressé l’Homme et principalement les scientifiques, c’est surtout un attrait : on est attiré par la Mer.

1)    Comment fonctionne le système côtier ?

La côte est un élément d’un système très complexe, c’est pour cela qu’il vaut mieux employer le terme de système côtier.

Elle n’est qu’un instantanée dans un espace mouvant par nature. Sa mobilité s’observe à toutes les échelles temporelles et géologiques.

De nouvelle façades océaniques, dont celles de l’Atlantique sont nées il y a 180 000 millions d’années. Les variations à cette époque la dépendent surtout de la variation des calottes glacières.

-       L’échelle du quartenaire: a duré 1 milliard 600 millions d’années, les variations à cette époque la dépendent surtout de l’extension des calottes glacières continentales.

A cette époque, le Rhin avait comme affluent, la Seine, la Tamise et allait rejoindre la côte au Nord de la Bretagne. Ce grand système fluviatile est très important, puisqu’il a laissé de nombreux sédiments qu’on retrouve actuellement dans les fonds marins de la Manche et qui interviennent dans l’alimentation des plages de la façade Nord Atlantique.

-       L’échelle de l’holocène: les 10 derniers milliers d’années. Forte mobilité là aussi.

Il y a 9000 ans, une grande partie de la Mer du Nord était exandée. En 1996, cette zone se trouve sous le niveau de la mer et est donc submersible, même si une grande partie est déjà sous l’eau.

-       L’échelle décènalle ou pluri-décènalle. Mobilité très importante des traits de côte.

La Cap Ferret a énormément changé de forme au cours du temps. Comme il s’agit d’une pointe, ce ne sont pas toujours les mêmes zones qui sont submersibles.

-       Echelle tidale: à beaucoup plus court terme, correspond au cycle des marées.

Les cellules géomorphologiques sont influencées par de nombreux phénomènes, comme l’énergie solaire, la tectonique des plaques, mais surtout l’énergie.

Le vent créer la houle et les courants côtiers.

La conséquence est donc la prise en charge de sédiments par le vent, sédiments qui sont ensuite transportés par les courants et vont se cumuler ailleurs.

Les marais sont très importantes pour cela car elles créent des flux et des déplacements de matières qui créent à la sois des accumulations de sédiments et de l’érosion.

-> Mobilité du trait de côte.

L’Homme peut intervenir sur le système

-       en réduisant la force des courants

-       facilité la répartition des vagues par des brises lames

-       intervention avec des matériaux comme les barrages dans les rivières

-       et ouvrages qui facilitent le déplacement des sédiment : digues, épis…

Système côtier a toujours une dune, qui est toujours en contact direct avec la plage. Car ce sont des réservoirs de sédiments qui vont intervenir dans le fonctionnement du système côtier.

Fonds marins de faible profondeur vont intervenir dans le fonctionnement du système côtier.

Rôle essentiel des tempêtes dans le fonctionnement de marais. Possibilité de sur-côte, c’est à dire que le niveau marin est supérieur à celui prévu quand les pressions sont faibles, ou que les vents sont dirigés vers la côte.

->L’énergie des vagues est proportionnelles au carré de leur hauteur.

Les vagues les plus fortes peuvent déferler plus loin et considérer de façon plus importante à l’érosion.

Conjonction marée de vive eau et tempête est ce qu’il y a de plus efficace pour le fonctionnement du système côtier, c’est là on l’on voit une plus grande évolution dans les traits de côte, surtout quand plusieurs tempête se succèdent (ce qui s’est passé cette année et qui a eu un impact catastrophique sur les populations).

Le système côtier fonctionne par à-coups

La force éolienne est aussi très importante car elle permet des déplacements de matériaux.

Quand il n’y a pas de marée, les tempêtes sont presque toutes efficaces, c’est à dire conjugué avec des marais de vive eau.

Elle permet la construction de dunes par le déplacement du sable.

Importance de la solidarité du système côtier : ce qui est sous l’eau, la dune, la falaise (qui produit des matériaux qui vont ensuite arriver dans l’eau et être transportés par le système côtier, estuaires, deltas…

Pb : ajd on s’arrête aux pb administratifs. Faune sous marine indispensable au bon fonctionnement du système côtier et alimente la plage, de même que la dune qui est un réservoir de sable et permet à la plage de se regènerer en sable. Les dunes se créent par le transport de sable, sable qui est ensuite redistribué après la tempête = forme d’accumulation.

-> Rien ne se perd dans la nature.

Idéalement, il faut un équilibre total entre l’accumulation et l’érosion.

Mais exceptions d’origine :

-       naturelle =  sédiments dans les grottes profondes sont entraînés vers le large, ou quand le sable est transporté dans les terres.

-       Humaines = ces pertes sont les plus massives et les plus grave pour le système côtier: extraction de sable et de granulats sur les dunes… Interdit en France, mais existe encore dans de nombreux pays.

Le problème des ces extractions et de ces déplaçements, est qu’ils entrainent un déséquilibre du “budget sédimentaire” qui est la moyenne entre les apports et les extractions de sédiments de la cellule. Selon qu’il et déficitaire ou excédentaire, celà détermine les variations du traits de côte.

-       Déficitaire à l’échelle naturelle = réduction de l’apport fluviatile à la fin de l’époque glacière. Ce qui est grave est que cet apport fluviatile est aujourd’hui très peu renouvelé: c’est un héritage de la dernière période froide.

-> Ressources en sédiment essentiel ! Non renouvelé, donc il faut l’utiliser avec partimonie.

-       Equilibré = stabilité parfaite du trait de côte. Avancés et recul presque insignifiant.

Quand on dilapide le budget sédimentaire, rien ne va plus.

Respecter la mobilité naturelle.

Les côtes artificialisées posent des questions, et les responsables se demandent si il faut continuer à construire des épis, des digues… Les experts de l’environnement, eux,  pensent qu’il vaut mieux laisser vivre les dunes qui peuvent de façon naturelle réguler la montée des eaux.

Cependant à Calais, 28 millions d’euros en 17 ans pour installer des épis… 24 nouveaux épis en projet.

=> Chaque site littoral est un cas particulier qui a son propre système côtier, plus ou moins complexe. L’érosion des côtes n’est pas inéluctable, dans certains cas le budget sédimentaire est équilibré et les ressources naturelles aussi.

Il ne faut donc pas dilapider les ressources sédimentaires = message principal.

Système a besoin d’un espace de liberté, alors que beaucoup d’entre eux sont bloqués par la roche.

=> Il faut donc bien gérer les sédiments côtiers.

2)    La montée des eaux et l’érosion.

La montée des eaux et la conséquence du changement climatique.

Elevation de la température, qui s’est élevée d’environ 1,2 degrés depuis 2000 ans. Durant cette période, il y a eu des périodes plus ou moins froides.

-       Notamment l’optimum climatique médiéval, puis le PAG. La différence de température par rapport à celle actuelle n’était en définitive pas énorme.

-       Zoom sur les 128 dernières années, élévation de la température de 1 degrés depuis 1950. (1,3°c en 2001) = accélération de l’augmentation de la température.

Estimation du GIEC (rapport novembre 2014) sur la température sur Terre d’ici la fin du siècle, qui pourrait s’élever de façon considérable. Etude en fonction des perspectives économiques mondiale et de l’utilisation plus ou moins importante du CO2.

-       Scénario optimiste (peu probable), dans laquelle l’utilisation de gaz à effet de serre serait restreinte et où la température augmenterait de 1 à 2 degrés.

-       Scénario avec forte émission de CO2 qui correspond à nos habitudes actuelles : notre utilisation actuelle des combustibles fossiles. Dans ce cas, la température serait beaucoup plus élevée entre 4 et 6 degrés.

Elevation de la température conduit a une augmentation du volume des océans: dilatation thermique.

Augmentation du niveau, dûe à une augmentation de la masse d’eau venant de la fonte du glacier des montagnes et des calottes polaires. (ex: disparition des neiges éternelles au Kilimanjaro).

A quelle vitesse le niveau marin s’élève-il ?

Au cours du XXe siècle, il s’est élevé de 10 cm, soit environ 1,7 mm par an.

Entre 1993 et 2012, il s’est élevé de 6,5 cm, soit environ 3,2 mm par an. C’est à dire une vitesse près du double de la vitesse du siècle precèdent.

Niveau moyen à l’échelle du globe, or les océans ne sont pas plats : creux, bosses…

Ce qui nous importe n’est pas le niveau au milieu de l’océan, mais celui sur la côte : le niveau relatif de la mer mesuré par les marégraphes.

Pour le siècle qui vient GIEC dit que le niveau marin devrait s’élever entre 30 cm et 1 m environ d’ici 2100, en fonction de l’utilisation des énergies fossiles. Eaux salées penètreront plus fortement dans les estuaires, on aura une salinisation des terres, de grandes étendues seront salifiées.

Tempêtes, phénomène naturel et normal, il faut faire avec.

La mobilité des côtes vient des ressources en sédiment.

L’érosion : devient un risque.

-       côtes rocheuses, à falaises, qui sont une forme d’érosion. Elles reculent par à coup, effondrement, glissement, éboulement… Par moment des paquets de falaise tombent dans la mer : entraîne une quantité importante de sédiment qui va tomber dans la mer. Mais ceci n’est pas perdu, puisque ces sédiments sont ensuite transportés par les courants marins et déposés un peu plus loin pour alimenter une plage.

=> L’érosion d’une zone alimente l’acrètion dans un autre secteur.

Le problème est quand la zone qui s’effondre est anthropisé, il s’agit d’un aléa naturel. C’est un enjeux que nous transformons en danger en installant des maisons dans les zones à risques. Les habitants de ces zones doivent être indemnisés et relogés.

-       côtes sableuses et les dunes littorales sont des systèmes d’accumulation, qui nourrissent la plage.

Naturellement, le paysage se décale longitudinalement vers l’arrière au cours du temps.

Urbanisation d’un côté et avancée de la mer de l’autre correspond à un télèscopage côtier, qui diminue l’espace océanique. Evolution du littoral en France métropolitaine :

-       érosion : 24,2 %

-       stabilité côtière : 43,6 %

-       acrètion : 9,5 %

 

Quelles stratégies adopter face à l’érosion ?

-       La surveillance et l’accompagnement de l’évolution des espaces naturels.

-       Le deplaçement des biens et des activités.

-       La lutte active pour la protection des zones urbaines, et particulièrement celles aux grands intérêts économique et patrimonial.

-       Utilisation de techniques douces : le ré-ensablement.

-       Utilisation de techniques dures : la suppression des plages, qui sont pourtant un grand levier de l’activité économique.

 

En conclusion:

=> La côte n’est pas une ligne figée à jamais, mais un espace continu de solidarité terre-mer, qui se déplace au cours du temps.

=> L’érosion marine de la période actuelle n’affecte que moins d’un quart des rivages métropolitains.

=> L’élévation attendue du niveau marin augmentera le recul des espaces déjà en érosion.

=> Les problèmes sont nés de notre installation sur des rivages en mouvement. En effet nos installations anciennes étaient limitées. Elles se sont énormément développées depuis le milieu du XXe siècle.

 

 

 

 

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21 décembre 2014

Paris le 6/12/2014 Extrait de la Note remise à Mr ROUSSET le 26/11/2014 EROSION MARINE Cas particulier des côtes sableuses, pl

Paris le 6/12/2014 àExtrait de la Note remise à Mr ROUSSET le 26/11/2014

 

EROSION MARINE

Cas particulier des côtes sableuses, plages et dunes de Soulac-sur-Mer

 

L’érosion est un phénomène naturel, amplifié par les actions humaines, qui provoque une redistribution incessante du sable et des sédiments le long du trait de côte entraînant des déplacements, ou pire la disparition de plages et de dunes.

Les solutions adoptées de par le monde pour contrer ce phénomène sont nombreuses et variées, mais toutes ne sont pas transposables au rivage de Soulac-sur-Mer qui, outre les effets directs de la houle océanique, est soumis aux effets contrastés du plus grand estuaire européen, la Gironde. Alors qu’inversement des solutions démontrées à Soulac-sur-Mer seraient facilement applicables aux côtes aquitaines soumises aux mêmes forces océaniques mais sans l’interférence d’un effet estuaire.

De l’analyse de ces solutions, mais aussi des différents rapports dont nous avons eu connaissance (différents rapports Artelia dont ceux de Septembre 2013 et d’octobre 2014, le rapport BRGM de Nov. 2014,  l’excellente étude « Les impacts du changement climatique en Aquitaine de 2013 », etc.), on peut  cependant tirer quelques grandes lignes, sur lesquelles une stratégie adaptée à Soulac-sur-Mer pourrait se structurer autour de cinq idées fortes :

  1. Le besoin de connaître et de comprendre les phénomènes maritimes côtiers est clairement la première des actions à entreprendre. Les données de profondeur, de courant, de nature des fonds, de météorologie doivent être mesurées dans la durée, afin d’établir l’historique de leurs évolutions.
  2. Le passage de la compréhension à la réalisation d’ouvrages requiert une simulation qui validera non seulement les solutions les mieux adaptées, mais également les caractéristiques techniques détaillées de chacune.
  3. Lever des données, analyse des évolutions et simulation sont des préalables d’autant plus nécessaires à la mise en place de solutions, que celles-ci seront coûteuses ou auront des conséquences irréversibles sur l’environnement.
  4. d.     Chaque solution mise en place isolément provoque des effets secondaires indésirables. C’est donc plutôt vers un ensemble de solutions concourant au même objectif qu’il faudrait s’orienter, afin d’atténuer mutuellement ces effets secondaires.
  5. e.      Privilégier chaque fois que possible les solutions qui limitent les conflits d’usage.

La note 3 en annexe fait un rappel succinct des causes de l’érosion marine dans notre région et liste quelques solutions pouvant limiter ou réduire l’effet érosion du trait de côte.

En fait il faut résoudre le conflit entre la dramatique érosion des côtes qui requiert des solutions urgentes,  et la durée de gestation des études de fond à réaliser ou compléter qui est obligatoirement longue.

Dans cette optique :

1 - l’APSEM propose des actions à effet immédiat :

- Tester dès cet hiver le procédé Dédale, selon l’idée développée par l’équipe du PACT dirigée par le Pr. Schvoerer, et qui vise à réduire la vitesse de circulation de l’eau jusqu’au pied de dune (Cf. note nº1 jointe et estimation du coût correspondant).

- Démontage des protections illégales et sauvages  (digue et palplanches) mises en place  entre Soulac et l’Amélie qui accélèrent considérablement le retrait du trait de côte (la relocalisation du camping occupant les lieux est possible, la Mairie ayant d’ores et déjà identifié des terrains).

- Réduire la dérive longitudinale, en construisant immédiatement un épi supplémentaire entre la plage de Soulac et le VVF, c’est-à-dire là où l’érosion est la plus importante. Un devis des travaux peut être très rapidement obtenu compte tenu de l’expérience des travaux en cours. Il semble toutefois y avoir divergences de vues entre les experts sur le bienfondé de cette solution.

- Acquérir les données du milieu maritime qui, selon toutes les études récentes font cruellement défaut et mandater le SHOM, l’organisme le plus compétent  et dont les missions incluent ce type d’interventions, afin de réaliser les études de courantologie, bathymétrie et nature des fonds.

- Analyser systématiquement les conséquences des déplacements alluvionnaires en liant obligatoirement tous prélèvements de sables et granulats à une étude d’impact sur l’érosion côtière et non simplement une étude environnementale (à titre d’exemple, le déficit en sable sur la côte soulacaise est proportionnel aux prélèvements de granulats en amont et au large !).

- Lancer immédiatement une réflexion sur une logique d’estuaire afin de disposer d’une structure d’information et de concertation incorporant les deux rives de l’estuaire y compris l’ensemble de la zone d’influence du panache estuarien (rive sud jusqu’à La Négade qui semble systématiquement omise : voir shéma ci-dessous). Cette Logique d’estuaire est soutenue par plusieurs Associations (dont PACT et  « Une Pointe pour Tous » établie sur les deux rives). Elle a par ailleurs retenu l’attention du Chef d’Unité à la Direction Générale Politique Régionale et Urbaine à la Commission Européenne, Mr Rasmussen, qui s’est engagé à faire apparaitre un lien dans les Programmes Opérationnels FEDER/FSE Aquitain et Midi-Pyrénées pour que puisse être prise en compte cette vision d’estuaire.

2 - L’APSEM propose aussi des actions immédiates dont les effets se feront sentir à moyen/long terme :

Faire de Soulac-sur-Mer un site pilote dans le but d’évaluer, simuler et valider un ensemble de solutions à long terme susceptibles d’être appliquées dans d’autres sites aquitains. Soulac-sur-Mer présente en effet une situation particulière, face à l’océan et adossée à l’estuaire de la Gironde, avec un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO qui ne permet pas en particulier d’envisager de solutions de repli. Diverses solutions pourraient y être simulées, telles que :

- modalités techniques et financières de mise en œuvre d’une politique de ré-ensablement des plages et dunes, en notamment en utilisant les sables de dragage actuellement rejetés au large et donc perdus pour tous (en 2014, Artelia a estimé que la seule cote de Soulac avait perdu 600.000 m3 de sable !!).

- possibilités et conséquences d’un engraissement des hauts fonds protégeant le littoral contre les fortes houles,

- Analyse des résultats du test lancé à Vendays-Montalivet pour réduire la houle avec le procédé Sable.

- Lancer des études de simulation visant à réduire la puissance de la houle, par l’emploi de systèmes brise-houle sur les hauts fonds au large de Soulac. Ainsi une étude de simulation d’un système HOULOMOTEUR, tel que proposé actuellement par la DCNS et FORTUM (cf. note 2 jointe) pourrait être envisagée sur le Banc des Olives et/ou le Banc des Chevriers.

- Approfondir la connaissance de notre environnement maritime, non plus du seul point de vue terrestre, mais également d’un point de vue maritime et sur le long terme. A cet effet, un suivi régulier et concomitant des données par le SHOM et le BRGM est à mettre en place sur les 10 prochaines années (chaque 2 ans par exemple).

 

Une Logique d’estuaire – Un environnement à comprendre.

 

carte

 

 

Note 1 : Le procédé Dédale

DOCUMENT DE TRAVAIL (18 novembre 2014)

 

« DÉDALE » ET L’ÉROSION DU LITTORAL À SOULAC-SUR-MER

Proposition des associations PACT* ET APSEM**
 

« DÉDALE », UNE SOLUTION LOCALE DE LUTTE CONTRE

L’ÉROSION DU LITTORAL

 (Dossier opérationnel )

 

 I – RAPPEL ET STRATÉGIE

Le problème, c’est la vitesse de la vague qui déferle - Lorsque la vague en mouvement atteint le pied de la dune de sable immobile, sa masse ne varie pas mais sa vitesse s’annule en un temps très court. On montre en Physique qu’Il en résulte une force qui est l’agent de dégradation de la dune. Cette force dépend de trois paramètres : la masse liquide de l’eau, sa vitesse et la durée  de l’impact.

Un mur couché - Pour diminuer cette force on ne peut agir que sur la vitesse (en la réduisant) ou sur la durée de l’impact (en l’allongeant). C’est ce que nous proposons d’essayer de faire en substituant à un mur "vertical" classique, une structure presque « horizontale », parallèle au profil de la plage " et   formée d'un réseau d’obstacles reliés entre eux. Leur fonction est de réduire au maximum la vitesse du flux et de faire durer l’impact…

Avec 2 contraintes absolues :

1)     Le système doit être démontable c’est-à-dire qu’à partir du mois de Mai la plage doit retrouver son intégralité

2)     Aucune pollution ne doit être possible, par exemple si, lors d’une forte tempête, la mer venait à détruire une partie de Dédale

C‘est  le défi relevé par APSEM en association avec PACT, l’Association présidée par le Pr Schvoerer, également V.Président de notre association. Défi qui nous a amené à faire des propositions très précises aux autorités.


 II – LES MATÉRIAUX : NATURE, CARACTÉRISTIQUES ET ORGANISATION.


            En cours de confirmation et validation

 

III – MISE EN ŒUVRE – PHASE D’ÉVALUATION.

 

En cours de confirmation et validation car le schéma prévu doit

-          Limiter la houle frontale

-          Tenir compte du courant parallèle au rivage

-          Limiter au maximum la cavitation en pied de dunes

-          Etre totalement écologique, c’est-à-dire sans impact possible sur l’environnement

-          Démontable chaque printemps

 

IV – BESOINS FINANCIERS: ±200 k€

Les besoins estimés pour conduire l’expérimentation DEDALE sur une durée de 5 mois ont été détaillés et seront vérifiés dans les toutes prochaines semaines avec la CdC, les fabricants ainsi que les Services compétents de la Région.  L’idéal serait de faire le test grandeur nature dès cet hiver ; plus réalistiquement nous envisageons au pire un essai plus réduit permettant dès Février de tester les matériaux envisagés. Le(s) devis tiendront compte de cette expérimentation en 1 ou 2 phases selon les possibilités.

Note : les points II, III et IV ont fait l’objet d’une définition précise pour le Président A. Rousset. Ce sont ces points qui sont en cours de vérification, validation et chiffrage précis.

 

* PACT - Association "Sciences et Patrimoine (PACT)" présidée par le Pr. Schvoerer

** APSEM : Association pour la Protection de Soulac contre l’Erosion Marine

 

Note 2 : Ancrage d’ouvrages immergés brise-houle sur les hauts fonds. Cas du Banc des Olives et d’un système Houlomoteur (DCNS).

En association avec FORTUM, la DCNS propose un système Houlomoteur (Waveroller) dont le principe est simple : Il repose sur un battant, comparable à une porte (schéma ci-dessous), qui repose sur le fond de la mer. Le mouvement de va-et-vient que lui imprime la houle crée de l'énergie, récupérée par des engins hydrauliques pour être transformée en électricité.

Dans le cas des hauts fonds de Soulac-sur-Mer (Banc des Olives et/ou Banc des Chevriers) ce système pourrait entrainer un triple avantage :

-          récupération d’énergie d’une part ;

-          écrétage des fortes houles et limitation du creusement de celle-ci d’autre part ;

-          absence de conflit d’usage enfin.

Le PDG de la DCNS, Mr Bernard Planchais rencontré le 18 Novembre lors des Mardis de la Mer (Paris), semblerait disposé à envisager une unité pilote au large de Soulac.  Fortum a expérimente le système au Portugal, et une expérimentation DCNS/FORTUM est envisagée en Baie d’Audierne.

Une étude de validation est un préalable indispensable avant d’envisager une réalisation in-situ.

 

houlomoteur

 

La CdC Pointe du Médoc fait déjà partie du Programme EMACOP. Ce qui signifie que ce type de solution est d’ores et déjà envisagée et semble parfaitement plausible.

 

Note 3 : Rappel des causes et solutions possibles face à l’érosion marine.

Analyse succincte des causes :

La houle, les vagues, les marées, la teneur des fonds et les actions humaines sont les principales causes du phénomène d’érosion.

La houle et les vagues provoquent un effet de collision (les vagues frappent et cassent le pied de dune), de submersion (les vagues submergent la dune entraînant une inondation derrière elle) et d’agitation (le sable mis en suspension est ensuite déplacé par les courants).

La direction majoritaire des vents et des vagues, la hauteur et la longueur de la houle sont parmi les paramètres à prendre en compte. Lorsqu’elles ne sont pas perpendiculaires à la côte, les vagues induisent un courant de dérive parallèle à celle-ci qui présente devant Soulac-sur-Mer une direction singulière orientée Sud-Nord. Cette dérive littorale constitue aujourd’hui le principal facteur contrôlant les flux sédimentaires.

Les marées sont à l’origine de deux phénomènes liés à l’érosion :

-          la montée bi-quotidienne du niveau des eaux passant par un maximum fonction des phases de la lune,

-          des courants de flot et de jusant, accompagnant la montée et la descente des eaux. La présence de passes d’accès (comme la passe sud de l’estuaire de la Gironde) amplifie la force de ces courants. Dans le cas particulier d’un estuaire comme la Gironde, les courants de marée s’opposent ou s’additionnent au courant fluvial, ajoutant encore à l’agitation des eaux.

L’élévation du niveau des eaux (conséquence du réchauffement climatique), se conjuguant avec les effets de la marée et des tempêtes, peut conduire au franchissement des protections que constituent les dunes naturelles ou les digues et les perrés artificiels.

Enfin, les activités humaines, comme les constructions en bord de mer, le dragage des fonds, le prélèvement de granulats ajoutent aux causes naturelles décrites ci-dessus.

 

Les données à acquérir ou retrouver :

Les données concernant les stocks sédimentaires et la cyclicité des bancs et chenaux au large de l’estuaire de la Gironde dont on dispose actuellement sont insuffisantes.

Elles permettraient d’établir :

-          une ressource documentaire historique des cartes de l'estuaire. C’est un moyen de vérifier si les modifications du trait de côte à Soulac constituent ou non un phénomène cyclique dont la période pourrait ainsi être évaluée. En rejouant les évolutions historiques, on peut qualifier un modèle de simulation.

-          un lever complet et régulier (tous les 2 ans dans les 10 prochaines années) de la bathymétrie (profondeur), de la courantologie (vitesse et direction des courants) et de la nature des fonds (notamment des zones de fond rocheux comme le platier de Cordouan de nature à casser la houle) pour toute la zone de l’ouvert de l’estuaire.

 

Les actions réductrices :

On peut les regrouper en quatre catégories principales :

-          celles qui ont pour effet de réduire l’énergie des vagues et de la houle (hauteur et vitesse),

-          celles qui permettent de canaliser la dérive longitudinale du sable et de le fixer aux endroits névralgiques,

-          celles qui tendent à déplacer du sable vers les zones déficitaires, tout  en limitant les extractions au large,

-          enfin, celles  qui visent à protéger le trait de côte.

Les deux premières relèves d’une logique plus maritime et les deux dernières d’une logique plus continentale.

 

Quelques solutions :

1-     Réduire l’énergie

-Etablir des brise-lame ou brise-houle : il s’agit de systèmes fixes ou mobiles qui peuvent être disposés :

-          dans la zone intertidale (estran) pour réduire la puissance des vagues qui déferlent (test notamment lancé à Vendayes Montalivet),

-          sur la plage pour réduire la vitesse de circulation de l’eau jusqu’au pied de la dune (Système Dédale actuellement étudié par l’APSEM),

-          plus au large, en utilisant les bancs ou haut-fonds existants sur lesquelles on peut ancrer des ouvrages immergés.

2-     Canaliser la dérive longitudinale

- Construire des épis, enrochements perpendiculaires au trait de côte : De façon assez unanime, ils constituent une excellente solution d’attente et d’observation. Ils ne sont cependant pas sans risque, car ils perturbent la dérive littorale, créant des zones d’accumulation de sable en amont et d’érosion en aval. Ces « effets secondaires » doivent être identifiés et pour cette raison il ne faudrait pas multiplier ces ouvrages, mais un second épi au sud de la plage de Soulac-sur-Mer où l’érosion est la plus importante est demandé par l’APSEM. Partiellement immergés à marée haute, ils présentent une nuisance visuelle acceptable.

3-     Ré-ensabler

- Ré-ensabler et engraisser en permanence les plages et des dunes : c’est la solution la plus évidente et la  plus rapide à mettre en œuvre. On peut la compléter par la mise en place de drains ou réducteurs de pression ayant pour effet de faciliter la pénétration de l’eau chargée en sable, dans une plage rendue plus sèche et plus compacte. Deux méthodes sont envisageables :

-          Drainage de la plage par un système enfoui sous la plage (sous réserve de trouver ou identifier des systèmes plus operationnels sur nos côtes que le système Ecoplage des Sables d’Olonne).

-          Réduction de la pression d’eau de mer sous la plage,  par enfouissement de tubes percés absorbant l’eau par différence de pression.

- Ré-ensabler les bancs au large : par rapport à la précédente cette solution présente l’avantage de pouvoir utiliser rapidement et sans coût de transport excessif, le sable prélevé ailleurs dans l’estuaire, notamment lors des opérations de dragage.

- Prévoir l’impact des prélèvements de granulats sur l’ensemble de la zone : le ré-ensablement ci-dessus n’a pas de sens si on crée simultanément des zones d’extraction qui vont appeler inexorablement le sable remis en place dans les zones déficitaires. Des études d’impact érosion doivent être systématiquement mises en place, pour l’ensemble de l’estuaire, dès qu’un prélèvement de granulats y est envisagé.

4-     Protéger le trait de côte.

- Adapter le cadre de vie à l’environnement : on établit une zone de non construction où on laisse les mouvements naturels du sable s’effectuer et où l’on préserve les arbres et la végétation, mais derrière laquelle on établit une protection ultime, apte à ménager du temps pour un repli stratégique éventuel, si l’érosion arrive jusque-là. Cette solution préserve le « système plage dune », véritable autodéfense du littoral, qui présente une bien meilleure résilience que les ouvrages artificiels. L’ouvrage ultime se trouve enterré, sans partie apparente, tant que l’érosion ne l’a pas atteint. Il constitue un socle solidement ancré dans le sol, sur lequel on peut envisager, si nécessaire, de construire un ouvrage de plus grande hauteur.

- Construire des digues ou enrochements parallèles au trait de côte : C’est de très loin la solution la plus critiquée. En effet, ces ouvrages prennent définitivement la place de la plage et de la dune, bloquent les échanges naturels de sable entre la dune et l’océan, détruisent l’esthétique du paysage (face à la force de l’océan il n’y a pas de demi-mesure il faut construire large et haut !) et provoquent des effets de bord accentuant les phénomènes d’érosion aux extrémités. Ils sont de plus couteux et leur entretien est en général sous-estimé. Ils produisent cependant un effet rassurant mais temporaire.

 

21 décembre 2014

septembre 2014 - Erosion marine à Soulac sur Mer : adopter une logique d’estuaire.

Erosion marine à Soulac sur Mer : adopter une logique d’estuaire.

 

Dans les phénomènes d’érosion maritime, cela peut sembler être une évidence, la cause principale est l’océan.

L’océan ne représente pas une menace en lui même, mais les forces qu’il génère concourent à provoquer les mouvements de sable qui sont la source de l’érosion. Ces forces sont la houle et les vagues, les marées et les courants.

Ainsi, l’hiver 2013, sans présenter de fait climatique hors du commun comme Xynthia en 2009, a vu la succession de plusieurs tempêtes en Atlantique nord génératrices d’une houle forte et durable qui a véritablement « cogné » le littoral pendant près de deux mois, entraînant un recul du trait de côte très important, notamment à Soulac sur Mer.

S’il faut rappeler le rôle de l’océan, ce n’est pas seulement pour désigner un coupable, mais bien pour changer notre attitude vis à vis des phénomènes d’érosion et adopter résolument un point de vue maritime. Constater, retarder, empêcher ou contourner le recul du trait de côte sont nécessaires mais pas suffisants, en ce que l’on s’attacherait seulement alors à guérir les symptômes. Il faut également rechercher les causes, c’est à dire comprendre les phénomènes qui, en mer, provoquent cette érosion.

Pour cela, on doit avant tout disposer de données, fiables, récentes, régulièrement mises à jour dans les domaines de la bathymétrie, de la courantologie, de la nature des fonds et de l’évolution des bancs de sables et des dunes.

Or de telles données font aujourd’hui cruellement défaut, au large de Soulac sur Mer !

La situation de Soulac sur Mer est pourtant très singulière, car située en bordure d’une zone complexe, comme le sont les zones de convergence des grands estuaires (ici la Gironde) avec l’océan. L’équilibre environnemental y est fragile, la navigation délicate parfois dangereuse, l’activité économique importante (pêche, transports de passagers, plaisance) et surtout elle est le point d’accès au grand port de Bordeaux (porte-conteneurs, caboteurs, paquebots). Ce dernier ajoute une complexité supplémentaire, car l’accès à un grand port doit être régulièrement contrôlé et dragué à une profondeur suffisante.

Autre élément propre à Soulac sur Mer, la présence de bancs de sables (les Olives au SW et les Chevriers à l’W) et du platier de Cordouan (cf carte) qui protègent le littoral, notamment à marée basse contre les effets de la houle du large.

Soulac sur Mer se situe donc le long d’une aire maritime qu’il faut absolument appréhender dans son ensemble, c’est à dire sensiblement dans un triangle allant de la pointe de la Coubre au Nord, à celle de la Négade au Sud et jusqu’à Meschers plus à l’intérieur de l’estuaire. Ne regarder que devant la plage de Soulac sur Mer serait une erreur et il faut adopter ici une vision d’estuaire, englobant tout à la fois les deux rives charentaise et médocaine, l’économie d’ensemble et les caractères propres aux eaux douces de la rivière et salées de l’océan.

Face à cette difficulté, nous ne sommes pas démunis et avons la chance de disposer en France et en Europe d’un service compétent de renommée internationale le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM). Ses missions prioritaires vont au profit du ministère de la Défense, mais il a aussi une mission de « soutien aux politiques publiques et aux acteurs de la mer et du littoral ». Ce service, comme tous les grands services est très sollicité, il a notamment un plan de charge établi pour plusieurs années défini selon les priorités.

L’APSEM pense qu’il faut maintenant, après les tempêtes de l’hiver 2014, accorder une grande priorité à l’estuaire de la Gironde et obtenir que le SHOM entreprenne d’urgence plusieurs campagnes de mesures, afin de comprendre et d’analyser l’évolution des fonds marins et du trait de côte dans le temps.

La prise en compte d’une logique d’estuaire, interdépartementale, régionale et européenne, en cohérence avec les actions déjà engagées sur les grands estuaires dans le monde sera mieux à même d’apporter des solutions pérennes et de réunir les moyens financiers nécessaires.

La création à Soulac sur Mer d’une zone pilote sur un des espaces littoraux européens les plus attaqués par l’érosion marine, permettrait d’étudier des solutions maritimes s’appuyant notamment sur la présence de bancs de sable protecteurs au large.

Pour l’APSEM, on ne lutte pas contre l’océan, mais on compose avec lui, comprendre et rassembler est essentiel à la mise en place de mesures efficaces.

 

 

 

carte

 

extrait de la CARTE MARINE ATLANTIQUE N° 7426 L

De la Pointe de la Coubre à la Pointe de la Négade - Embouchure de la Gironde

Collection : SHOM

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